Debout la République 11ème Circonscription du Pas de Calais - -Hénin Beaumont - Carvin

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Modifié : 18/03/2012 16:44

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Intervention de Nicolas DUPONT-AIGNAN

31/05/2010 20:33

Intervention de Nicolas DUPONT-AIGNAN


Motion de renvoi en commission

sur le projet de loi de finances rectificative pour 2010

 

Intervention de Nicolas DUPONT-AIGNAN

à l’Assemblée Nationale

Lundi 31 mai 2010

 

Motion de renvoi en commission
sur le projet de loi de finances rectificative pour 2010
 
Intervention de Nicolas DUPONT-AIGNAN
à l’Assemblée Nationale
Lundi 31 mai 2010

 

Mes chers collègues,
 
Nous voici à nouveau réunis pour examiner le deuxième plan de sauvetage européen présenté par le gouvernement.
 
Après avoir voté à main levée, PS et UMP confondus,  il y a un mois à peine, l’engagement de la France en faveur de la Grèce pour 17 milliards d’euros, vous nous demandez, Madame le Ministre, d’engager la garantie de la France pour 110 milliards d’euros supplémentaires.
 
Pour nous rassurer, vous nous expliquez qu’il ne s’agit que d’une garantie que vous ne serez pas obligée de mettre en œuvre.
 
Vous voulez nous convaincre que grâce à cette garantie nous allons à la fois désamorcer la crise de l’euro et sauver notre argent.
 
Je veux vous démontrer ce soir, par cette motion de renvoi en commission, que vous allez tout au contraire gaspiller des sommes considérables, creuser notre dette, accabler un peu plus le peuple français sans bien sûr résoudre la crise structurelle de l’euro.
 
Vous croyez gagner du temps et éviter le chaos. Vous allez tout au contraire accélérer la décomposition de la zone euro. Et ce, pour deux raisons majeures.
 
D’une part la politique économique et financière des dirigeants européens est incohérente, d’autre part le système monétaire sur lequel elle s’applique est frappé d’un vice de conception.
 
Tout d’abord, vous ne voulez pas reconnaître ce vice de conception de la monnaie unique. Vous ne voulez pas porter le bon diagnostic sur la crise de la zone euro.
 
Vous voulez croire que la crise est seulement conjoncturelle et qu’il suffirait de remettre un peu de raison dans la gestion des finances publiques grecques ou même françaises pour repartir du bon pied.
 
La vérité est bien différente et tant que vous ne le reconnaitrez pas, vous n’appliquerez pas le bon remède.
 
La crise de l’euro n’est pas conjoncturelle, elle est bien sûr structurelle. Vous faites mine d’avoir affaire à un problème transitoire de liquidités des économies du sud et de la France, alors que vous faites face à un problème durable de solvabilité, conséquence même de l’existence de la monnaie unique.
 
Cette crise structurelle de la zone euro est connue depuis des années. Nombreux sont les économistes qui l’ont pointée du doigt. De surcroît, la surévaluation de l’euro, fruit de l’aveuglement et du dogmatisme de la Banque Centrale européenne, a aggravé les difficultés.
 
Jean-Jacques Rosa, Jacques Sapir, Michel Aglietta, deux Prix Nobel, Maurice Allais et Joseph Stiglitz, et beaucoup d’autres encore, ont mis l’accent sur la divergence de plus en plus forte des principaux pays de la zone euro.
 
Elle se manifeste par un accroissement depuis 2000 des différences entre les pays de la zone euro dans le domaine de l’emploi, de l’épargne, de l’investissement, de l’inflation, de la croissance et de la balance des paiements…
 
Alimenté par les différences de dynamiques économiques et accentué par la politique allemande qui a cherché à profiter de sa position dans la zone euro en transférant une partie des charges de ses entreprises vers les ménages, ce phénomène a induit des distorsions de productivité considérables. On a vu le déficit du commerce extérieur de pays comme l’Espagne, l’Italie, l’Irlande et la Grèce augmenter de manière très importante. Sans parler de la France dont le déficit approche les 50 milliards d’euros. Ce sont bien ces différences de dynamique qui sont à la base de l’endettement de la majorité des pays de la zone euro.
 
Le schéma qui compare l’évolution des balances commerciales vis-à-vis du PIB, que voici, prouve cette divergence.
 
Lors du débat sur le traité de Maastricht, on nous disait : « dormez tranquille, l’euro va apporter la croissance, l’euro va faire converger les économies, l’euro va nous protéger de la spéculation, l’euro va nous permettre d’assainir nos finances publiques ».
 
Il n’en a rien été bien évidemment pour la raison simple que la zone euro n’est en rien une zone monétaire optimale. Pas de mobilité des travailleurs, pas de transferts financiers. Dans ces conditions, les pôles les plus compétitifs n’ont fait que se renforcer surtout quand ils profitaient de l’endettement facile des pôles les moins compétitifs, qui ont pu sans souci, au moins dans les premiers temps, laisser se développer un déséquilibre de leur balance commerciale.
 
L’Allemagne était bien contente de gonfler son excédent commercial vis-à-vis des pays du sud qu’elle accuse aujourd’hui de mauvaise gestion.
 
Et il est vrai que si les dirigeants grecs ont mal géré leurs finances publiques, on n’a pas le droit de dire cela des Espagnols. Leur budget était, je vous le rappelle, toujours équilibré et ce pays était même cité en exemple !
 
C’est bien l’application d’une monnaie unique, d’un taux d’intérêt unique, à des structures économiques différentes qui a généré, en Espagne, une bulle immobilière et une dette privée considérable.
 
De même, c’est l’absence d’ajustement monétaire comme par le passé qui, en Italie et en France, a asphyxié les entreprises, a entraîné les délocalisations, a fait explosé le coût social et financier du chômage et réduit les recettes fiscales.
 
Insuffisance de croissance liée à un euro surévalué, concurrence exacerbée entre des pays qui ne jouent pas dans la même division économique, ont naturellement conduit à compenser le manque de création de richesse par le déficit budgétaire et l’endettement.
 
Car l’euro a aussi été un euro-morphine, qui a permis de s’endetter sans douleur pour payer les dépenses courantes, par nature improductives, alors même qu’il contrariait les investissements d’avenir, par nature rentables ! Le monde à l’envers ! Car la monnaie unique a protégé ses pays membres de toutes représailles de la part des marchés internationaux, même lorsque les Nations vivaient largement au-dessus de leurs moyens. Ainsi donc, l’euro n’a pas permis d’assainir les finances publiques. Le seul bouclier qu’il a constitué, était un bouclier pour protéger nos vices !
 
Car, enfin, comment donner le moindre crédit au mythe de l’euro bouclier ? Cet euro qui ne nous a pas prémunis contre nous-mêmes, ne l’a pas fait davantage contre l’extérieur. L’Europe a connu une récession plus violente que les Etats-Unis, dont la crise est pourtant partie, et elle est en train d’en sortir beaucoup plus tardivement qu’eux. En attestent les performances économiques des deux côtés de l’Atlantique, avec une récession en 2009 de 4% Europe contre 2,5% aux Etats-Unis, une prévision de croissance pour 2010 de respectivement 1% en Europe et 3,5% aux Etats-Unis. Joli bouclier ! Puis, les marchés ont attaqué la zone, faisant mentir la dernière promesse d’un euro stabilisateur des économies européennes.
 
Echec sur la croissance, échec sur la convergence, échec sur la dette, échec sur la spéculation. 4 échecs pour 4 promesses, cela fait beaucoup ! C’est cette zone monétaire anti-optimale que mettent aujourd’hui à l’épreuve les marchés. Des marchés qui certes amplifient les phénomènes, mais des marchés que vous n’avez ni voulu ni pu dompter, car tout simplement au-delà de leurs excès, ils ne font que traduire une certaine réalité. Et comme le disait Lacan : « la réalité, c’est quand on se cogne ! »
 
Mais même groggy à force de se fracasser la tête contre le mur de la réalité, l’Union européenne prétend encore jouer les passe-muraille !
 
Vous avez tellement fait de l’euro, à tort, le symbole de l’Union européenne, un véritable dogme d’une nouvelle religion, que vous n’arrivez pas à admettre son échec.
 
Mais le comble aujourd’hui des dirigeants européens c’est que vous ne vous donnez même pas les moyens de mener une politique cohérente pour au moins en adoucir les effets les plus néfastes. Vous prétendez vouloir sauver l’euro, mais vous allez l’enterrer.
 
Car à un système déjà difficilement tenable, vous ajoutez une politique économique et financière totalement incohérente et c’est la deuxième raison pour laquelle votre plan ne peut qu’échouer. Vous êtes comme des enfants qui veulent toujours ajouter une brique supplémentaire à une construction qui penche déjà dangereusement jusqu’au jour où, patatras, tout s’écroule.
 
Car, en effet, votre plan de 750 milliards n’est qu’un leurre. Vous ne cessez de dire qu’il n’y a pas d’autre solution, mais celle-ci est tout sauf une solution. C’est une ineptie économique et politique.
 
La potion amère que vous infligez aux pays du sud, maintien dans la monnaie unique sans dévaluation et déflation interne pour soi-disant rétablir leur activité ne peut mener qu’au désastre. Le processus est bien connu : la diminution de la dépense publique en période d’assèchement de la dépense privée, plonge l’économie dans une récession cumulative, faisant exploser le chômage et les dépenses d’assistance sociale, tarissant parallèlement les recettes fiscales, et faisant au final exploser encore plus les déficits et la dette ! Faut-il donc que les leçons de l’histoire du XXème siècle aient à ce point été mal apprises ou oubliées ?
 
Car souvenez-vous, ce n’est pas l’inflation qui a mené au désastre à la fin des années trente, mais bel et bien la déflation, cette cure d’amaigrissement qui affaiblit tellement le sujet à qui on l’applique qu’il manque d’en mourir, au prix d’un lourd retard économique et de troubles politiques et sociaux maximum.
 
C’est ainsi que Pierre Laval et ses amis ont mis la France au supplice entre 1931 et 1936, affaiblissant à un niveau jamais atteint son industrie, qui ne fut pas à la hauteur à l’heure du réarmement ! Car la politique de relance faite par le Front populaire à partir de 1936, outre ses inconvénients propres avec la loi des 40 heures, ne fut pas assez vigoureuse pour réparer les dégâts énormes de cette déflation mortifère. D’ailleurs, il est particulièrement cocasse de voir aujourd’hui le PS voler au secours d’une politique archaïque, antisociale et antiéconomique, dont il avait logiquement et heureusement pris le contrepied il y a 74 ans ! Bravo, beau progrès de la pensée économique, Mesdames et Messieurs les socialistes !
 
Mais la déflation, ce fut aussi en Allemagne le carburant le plus efficace pour hisser Hitler au pouvoir : la preuve, la politique de déflation engagée par Brüning en 1932 permet au parti nazi de doubler ses voix aux élections de juillet de cette même année: 37,5% des suffrages contre 18% moins de deux ans plus tôt !
 
Cette impasse économique de l’austérité se double toujours en effet d’une impasse sociale puis politique. Les cures d’austérité vont mettre au supplice des peuples qui ne les supporteront pas longtemps, qui se révolteront à juste titre contre des politiques sacrificielles, dignes des prescriptions de Diafoirus, qui ne résolvent même pas les problèmes qu’elles prétendent traiter !  Avez-vous entendu parler des entreprises pharmaceutiques qui retirent du marché grec certains médicaments dont l’Etat veut voir baisser les prix ?
 
Ces politiques seront d’autant plus mal supportées qu’elles sont imposées aux gouvernements légitimes par des autorités illégitimes. Comment imaginer fonder une gouvernance économique par des mesures autoritaires d’une Commission de Bruxelles et d’une Banque centrale européenne qui ont été incapables depuis 10 ans de forger un horizon commun aux peuples d’Europe ?
 
En effet, on va soumettre l’ensemble des pays de la zone aux politiques de déflation, dont la Grèce (et bientôt l’Espagne) n’est que le laboratoire. Comment nous, élus de la Nation, pourrions-nous accepter d’être dépossédés par une autorité non-élue, sans autorisation ni mandat express du peuple français, de la souveraineté budgétaire ? En aurions-nous seulement le droit ? Et que signifierait d’autre la constitutionnalisation de l’interdiction du déficit public, que veut nous imposer aujourd’hui Berlin et Bruxelles ?
 
Lorsqu’on prend ainsi le pouvoir par la force, c’est manifestement qu’on veut mettre en œuvre des politiques qui ne seront pas acceptées par les citoyens et leurs élus. Et c’est bel et bien le cas, puisque le « gouvernement économique européen » qu’on nous promet n’est rien d’autre qu’un hyper pacte de stabilité ! Et peu importe que son prédécesseur ait déjà échoué par le passé, peu importe qu’il ait été contourné par ceux-là mêmes qui prétendent aujourd’hui le renforcer, peu importe que les politiques qu’il induit soient, encore une fois, contreproductives !
 
Je vous le demande, à quoi bon créer un gouvernement économique européen si c’est pour reproduire, en pire, les erreurs du passé, pour administrer des recettes économiques encore plus catastrophiques que celles qui nous ont d’ores et déjà mis dans la crise et le chômage ?
 
En définitive comment, Madame le Ministre, pouvez-vous d’une main nous demander d’apporter la garantie de la France pour 110 milliards d’euros alors que de l’autre main vous soutenez une politique d’ajustement qui empêchera les pays que vous prétendez aider à s’en sortir ? La Grèce, vous le savez déjà ne pourra pas nous rembourser. Mais les banques sont habiles, elles seront remboursées, elles, et c’est le contribuable qui sera une nouvelle fois le dindon de la farce.
 
Vous le voyez mes chers collègues, ce n’est pas en plaquant un mauvais plan de sauvetage sur un système monétaire vermoulu, que l’on pourra sortir les pays de la zone euro du piège dans lequel ils se sont mis.
 
Alors, quelle est la solution ?
 
J’entends d’ici l’incantation fédérale de ceux qui ont toujours rêvé de cette fameuse Europe politique… Ceux d’ailleurs qui ont conçu l’euro comme un accélérateur de fédéralisme.
 
Leur rêve est, il faut le reconnaître, cohérent, beaucoup plus que votre politique, Madame. Mais cela reste un rêve. Car il nie l’histoire, les nations, les différences structurelles, les démocraties, sauf bien sûr à l’imposer de manière autoritaire, comme M. Trichet qui parle aujourd’hui de « fédéralisme budgétaire ». Un « fédéralisme budgétaire » dicté par des gardiens du temple qui ne sont élus par personne….
 
Car, oui, pour que l’euro puisse tenir, encore faudrait-il que d’immenses transferts financiers puissent se mettre en place, depuis les régions qui concentrent l’activité vers celles qui souffrent de déficit de compétitivité. Pour cela, il faudrait prélever un impôt européen au moins supérieur à 5% du PIB. Mais quelle autorité politique déciderait ? Avec quelle légitimité ? Puisqu’il n’y a bien sûr ni démocratie commune, ni langue commune, ni opinion commune. Pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de peuple européen mais des peuples amis qui veulent travailler ensemble, ce qui n’est pas la même chose.
 
Mme Merkel a déjà perdu la majorité au Bundesrat car elle a décidé d’aider la Grèce. Elle a d’ailleurs sifflé la fin de la récréation en indiquant clairement que la zone euro ne serait jamais une Union de transferts financiers.
 
Les Allemands n’accepteront jamais bien sûr la monétisation des déficits par la Banque centrale européenne. Comme elle n’acceptera pas des investissements massifs sur crédits européens pour les pays du sud. Or, nous le savons bien, on ne dégonflera pas l’extravagante bulle d’endettement sans un plan à long terme de 10 à 15 ans accompagné d’une politique de croissance, comme les Etats-Unis l’ont réussi après la Seconde guerre mondiale.
 
L’Allemagne ne peut pas accepter le programme qui permettrait aux autres pays de la zone euro de redémarrer doucement mais sûrement. Mais de leur côté, les pays du sud et la France ne pourront pas supporter le traitement de choc que l’Allemagne considère comme indispensable à la survie de la zone euro et conditionnel à toute solidarité vers les plus faibles.
 
Qui peut croire un instant que des pays comme l’Espagne, l’Italie et la France puissent se résigner à voir leur substance industrielle s’étioler pour devenir le parc d’attraction d’une zone euro mark qui correspond peut être à la vision d’une Allemagne en recul démographique, mais certainement pas au besoin d’un pays comme la France en plein renouvellement démographique. 
 
Ces positions ne sont pas conciliables non pas parce que les Allemands seraient égoïstes, la Grèce dépensière, ou les Français pas assez sérieux. Elles ne sont pas conciliables tout simplement car les situations de ces pays sont trop différentes pour pouvoir être valablement et équitablement rapprochées au sein d’une politique unique. Les structures industrielles, économiques, les méthodes de travail, la démographie, donnée fondamentale toujours oubliée, ne le permettent pas.
 
1/3 des naissances dans notre pays se situe dans nos quartiers dits difficiles où le taux de chômage des jeunes hommes dépasse souvent les 40%. Nos banlieues craquent de partout, le chômage de masse gangrène notre pays et vous croyez sincèrement que vous allez pouvoir infliger aux Français une cure de rigueur sans aucune perspective de croissance ?
 
Bien évidemment nous devons réduire notre endettement.
 
Bien évidemment nous devons maîtriser nos dépenses publiques.
 
Bien évidemment nous devons réformer nos structures publiques.
 
Mais croyez-vous sincèrement que vous y arriverez par une politique malthusienne qui nous condamne au sous-investissement, au départ des talents, aux délocalisations vers un nouveau monde, comme la Chine. Une Chine, qui ne se gêne pas, elle, pour dévaluer sa monnaie, éponger ses déficits par la planche à billets, imposer un protectionnisme déguisé, se livrer à la contrefaçon et au pillage technologique, investir massivement dans la science.
 
Comment pouvez-vous refuser à la France et à l’Europe, les politiques qu’utilisent les pays émergents pour gagner à nos dépens la guerre économique et scientifique du XXIème siècle ?
 
Voilà pourquoi il est préférable de concevoir une Union européenne souple qui permet aux Nations de coopérer ensemble pour dynamiser leurs atouts. Or la monnaie unique n’est qu’un carcan uniformisateur. Il faut en sortir au plus vite si l’on veut remettre sur pied notre pays.
 
D’ailleurs, dans l’histoire économique et monétaire, aucun pays n’a pu faire preuve de rigueur sans, parallèlement, dévaluer sa monnaie pour redémarrer son moteur économique.
 
La Grande-Bretagne, en 1931, alors que la France déjà pour le pire s’accrochait aveuglément à une valeur nominale trop élevée de sa monnaie, avait dévalué de 40%.
 
Pensons aussi au général de Gaulle, de retour au pouvoir en 1958, a dévalué le franc de 18% pour rétablir l’équilibre du budget, ce qui fut fait peu de temps après.
 
De même, encore, les précédents de la Suède en 1992, de l’Argentine en 2001, et de bien d’autres qu’on ne peut tous citer. Aujourd’hui, dernier épisode en date, Londres a recommencé à laisser filer sa monnaie et voit déjà son commerce extérieur redémarrer.
 
Alors, je le sais, Madame, vous allez me citer le Canada et la Corée. Mais, je vous renverrai à plusieurs articles qui montrent sans contestation possible que le Canada a pu redresser ses comptes et réformer son Etat grâce à une dynamique financière liée à des recettes pétrolières en forte croissance.
 
Voilà pourquoi il n’y a pas d’autre issue que le retour aux monnaies nationales pour permettre aux pays de rattraper leur retard de compétitivité.
 
Le choix est en vérité très simple, soit préparer la retraite en bon ordre et dans le calme hors de l’euro, soit subir la déroute de la fin de l’euro dans des difficultés sociales considérables et la mise en péril de la construction européenne elle-même, dont certains acquis méritent d’être conservés.
 
Alors, je le sais, on va encore me dire que c’est impossible, que ce serait la fin du monde,…
 
Je veux répondre à ces mauvais arguments, qui relèvent souvent du sophisme, pour ne pas dire du syllogisme.
 
On entend dire que la situation serait pire sans l’euro. Balivernes ! D’abord, personne n’en sait rien puisqu’il est impossible de savoir quelle aurait été la trajectoire des économies européennes depuis 20 ans sans l’euro ! Par contre, ce dont on est sûr, c’est la désindustrialisation et le chômage de masse que nous a infligés l’euro à la suite de la politique du franc fort. Cela, c’est la réalité, pas la fiction !
 
En retrouvant la maîtrise de notre politique monétaire, nous pourrions comme d’autres pays gérer notre taux de change, monétiser comme la banque d’Angleterre ou du Japon certains de nos déficits, relancer l’investissement dans l’économie productive, relocaliser les activités, résorber le chômage, réduire les déficits sociaux et la dette. Cela ne serait pas de trop pour notre pays qui se paye le luxe incroyable de cumuler un déficit chaotique du commerce extérieur et une réserve immobilisée de bras qu’il doit payer à ne rien faire.
 
Alors bien sûr il y aura des gagnants mais aussi des perdants. Personne ne peut le nier. Les banques qui ont fait main basse sur la création monétaire verraient bien sûr d’un très mauvais œil l’abrogation de l’article 104 du traité de Maastricht et, pourquoi pas, le rétablissement du pouvoir exclusif de la Banque de France de frapper monnaie, grâce à la révision de la loi de 1973 ! D’autres aussi pleureraient sur la disparition de l’euro : les plus grosses entreprises qui assomment les sous-traitants et se jouent des normes sociales, fiscales et environnementales en délocalisant toujours plus, les plus aisés qui profitent d’une monnaie chère et vantent la rigueur car elle s’applique toujours aux autres, ou encore les gros détenteurs de capital, bref tous les rentiers qui s’enrichissent en dormant tandis que les actifs s’appauvrissent en travaillant (lorsqu’ils ont encore cette chance, bien sûr). La sortie de la France de l’euro ferait couler quelques larmes mais susciterait la joue du plus grand nombre, par exemple ces 69% de Français qui regrettent le franc et ces 38% de nos concitoyens qui veulent d’ores et déjà son retour !
 
Car notre rôle c’est de répondre aux besoins du pays, de privilégier l’intérêt national, de relancer le moteur économique, d’aider nos PME, nos agriculteurs, d’offrir aux jeunes un avenir, de pouvoir payer les retraites.
 
Nous savons tous qu’il faut une gestion plus rigoureuse de nos finances publiques.
 
Nous savons tous que dans la compétition mondiale, nous devons fournir un effort.
 
Mais cet effort doit être utile et efficace. Il doit y avoir une perspective gagnante pour tous les Français.
 
De surcroît, ce ne serait pas la France (ni l’Italie d’ailleurs) qui pâtirait de sa propre sortie de l’euro, mais bel et bien certains de ses fournisseurs et clients, à commencer par l’Allemagne dont l’excédent commercial fondrait enfin comme neige au soleil ! L’Allemagne en ferait donc les frais, au moins dans un premier temps, c’est vrai. Mais nous laisse-t-elle le choix, elle qui veut nous imposer l’euro-déflation pour prix de son engagement européen ?
 
Peut-elle continuer à faire cavalier seul sans comprendre que nous ne pouvons pas perdre plus longtemps notre vitalité économique ?
 
On me dit aussi que la sortie de l’euro serait techniquement impossible. Encore un mensonge énorme : la France est parfaitement capable de sortir de l’euro comme elle y est rentrée. Ce ne serait pas le premier pays dans l’histoire monétaire à changer de monnaie. De surcroît la Grèce, le Portugal et l’Espagne la précéderont. Même des économistes très favorables à l’euro imaginent aujourd’hui comme Kenneth Rogoff, un congé sabbatique de l’euro pendant 10 à 15 ans. C’est élégamment dit pour sauver la face des défenseurs du dogme !
 
Il faut aussi bien sûr imaginer un système de coordination monétaire qui pourrait d’ailleurs inclure la livre et les monnaies des pays qui ne font pas partie de la zone euro.
 
De ce que vous croyez être un mal, peut donc sortir un bien.
 
Car pourquoi ne pas justement rebâtir un système monétaire européen coordonné ? La monnaie commune, évoquée par de très nombreux économistes comme une solution de compromis intéressante, parce que viable. Tel serait le principe d’un euro monnaie non unique mais simplement commune, venant chapeauter les monnaies nationales dans un cadre où les parités seraient fixes mais régulièrement révisables. Ceci correspond à la seule solution permettant de gérer l’hétérogénéité des dynamiques économiques hors d’un budget européen réellement conséquent, qui est aujourd’hui une impossibilité politique.
 
Enfin, il conviendrait de protéger cet ensemble contre de nouvelles attaques spéculatives et pour cela d’introduire à l’extérieur de la zone des mécanismes de contrôles sur les mouvements de capitaux à court terme.
 
Mais cela voudrait dire qu’enfin on prenne acte de la diversité de l’Europe pour bâtir la seule construction européenne possible, celle des Nations et des projets.




Quand Renault et PSA délocalisent 50% de leur production Française en 4 ans…

30/05/2010 21:38

Quand Renault et PSA délocalisent 50% de leur production Française en 4 ans…


C’est une conséquence directe du niveau de l’euro et de la libéralisation des échanges, notamment avec les pays d’Europe de l’Est. En seulement quatre ans, nos constructeurs automobiles ont tout simplement réduit leur production de voitures en France de 50% !
Des chiffres incroyables
Cette étude de l’INSEE de 2007 dresse le portrait du paysage automobile Français à fin 2006. Les chiffres ne sont guère riants. Alors que les constructeurs Français produisaient entre 3,2 et 3,4 millions de véhicules sur le territoire national de 2000 à 2005, on distingue une cassure brutale en 2006 où la production tombe à 2,8 millions, soit une perte d’un demi-million de véhicules. La production en dehors de France passe de 2,2 à 3,1 millions dans le même temps.
En 2009, la production sur le territoire nationale est tombée à seulement 1,69 millions de véhicules, selon les chiffres même du Comité des Constructeurs Français Automobiles, soit un recul de plus de 20% dans l’année, après un recul quasiment équivalent en 2008. On note que dans la même période, la production automobile des groupes Renault et PSA est restée relativement stable, à savoir autour de 6 millions de véhicules par an produits dans le monde.
La destruction de notre industrie
Il est proprement sidérant qu’une telle information ne soit pas davantage commentée tant elle montre le double langage de nos dirigeants, et notamment Nicolas Sarkozy, qui s’était vanté du maintien de la production en France en contrepartie du plan de soutien au secteur. Dans la réalité, PSA et Renault étaient en train de réaliser le plus grand mouvement de délocalisations de leur histoire. Pire, ce mouvement est encore plus important pour les sous-traitants.
Il faut savoir que deux-tiers de la valeur ajoutée d’une voiture vient en général des sous-traitants. Or, alors qu’il y a cinq ans, deux tiers des composants venaient de France, aujourd’hui, moins de 50% viennent du territoire national. Quand on cumule les deux chiffres, on se rend compte que c’est en fait plus de 60% de la valeur ajoutée du secteur qui est partie hors de l’hexagone en quelques années. Du coup, notre balance commerciale automobile est devenue déficitaire…
Les ravages du libre-échange et de l’euro cher
Il ne faut malheureusement pas en vouloir aux dirigeants de ces entreprises qui opèrent dans un marché très concurrentiel (contrairement aux banques, à la téléphonie ou à la santé), et où les marges sont minces. Ce mouvement de délocalisations est aujourd’hui la seule décision possible pour Renault et PSA afin qu’ils restent indépendants et ne soient pas rachetés… Les dirigeants de ces entreprises ne font que jouer avec les règles du jeu qui leur ont été données par les politiques.
En effet, ce sont les hommes politiques qui sont responsables de la situation. En acceptant une construction monétaire qui a abouti à une monnaie lourdement surévaluée tout en acceptant une liberté totale des échanges, il est naturel que nos constructeurs suivent le vaste mouvement de délocalisations pour ne pas perdre en compétitivité par rapport à leurs rivaux. Seule une remise en cause de l’anarchie commerciale nous permettra de freiner et même de revenir sur ce mouvement de délocalisations.
L’anarchie commerciale, c’est un vaste mouvement de départs de nos usines dans des pays où les salaires sont plus bas ainsi qu’une stagnation des bas salaires, comme le montre bien le cas de notre industrie automobile. Nos emplois ont besoin de protectionnisme
Laurent Pinsolle





Europe : Jacques Sapir répond au Nouvel Observateur

29/05/2010 19:02

Europe : Jacques Sapir répond au Nouvel Observateur


  • Jacques Sapir – économiste réagit à un article du Nouvel Observateur dans lequel il était mis en cause par des journalistes dont l’européisme confine, selon lui, à la religion.

waluigi - huiiiiiiiiiii - flickr CC

 

 

Mes amis, nous avions tout faux. Quatre journalistes viennent, dans le Nouvel Observateur de cette semaine (du 12 au 18 mai) de nous donner la raison de la spéculation qui frappe la zone Euro : les critiques qui « entretiennent la nervosité des marchés ». Une citation complète de cette sublime prose s’impose  :
« A ce déficit de solidarité s’ajoute l’influence des eurosceptiques anglo-saxons. Regardez les éditoriaux des prix Nobel Paul Krugman ou Joseph Stiglitz dans la presse américaine… Une idéologie anti-euro, incarnée en France par les économistes Jacques Sapir, Christian Saint-Etienne ou Jean-Jacques Rosa, professeur à l’Institut d’Etudes politiques,.. »
et plus loin
« Ces discours ont entretenu la nervosité des marchés : les investisseurs doutent de la réussite du plan grec. Surtout ils se disent que l’Europe n’aura pas les moyens de secourir tous ces maillons faibles, qui risquent, tôt ou tard, de rééchelonner leur dette »
Que cela est bien vu, subtil, et plein de finesse. On reste sidéré par la profondeur de cette intelligence, qui fait immédiatement penser au proverbe chinois : « Quand le Sage montre la Lune, l’idiot regarde le doigt ».
Qu’une telle bavure soit aujourd’hui possible en France nous en dit long sur l’exaspération des « européistes » qui retrouvent spontanément les discours qui furent les leurs avant et surtout après le referendum sur le Traité Constitutionnel Européen.

Mensonges

En fait, on trouve plusieurs mensonges dans cet article. Le premier concerne la position des critiques de la zone Euro, où d’ailleurs un amalgame, pas réellement subtile, est réalisé entre opposants absolus et critiques indiquant la présence de problèmes récurrents dans cette zone.
Qu’il s’agisse de Joseph Stiglitz, de Paul Krugman, de Christian Saint-Etienne ou de ma modeste et très indigne personne, nul d’entre nous n’a récusé le principe de la coordination monétaire ni même le bien fondé d’une zone monétaire en Europe. Nous avons par contre mis en garde de manière constante et répétée les autorités sur le fait que cette zone devait s’accompagner de mesures importantes faute de quoi une crise était inévitable. Aujourd’hui que la crise est là, comme nous l’avions prévu, nous avons fait des propositions pour tenter de trouver une solution.
Dans mon cas, depuis 2006, je ne cesse de tirer la sonnette d’alarme en disant pourquoi et comment les intégristes de la construction européenne sont en train de tuer ce qui était, initialement, une excellente idée. D’ailleurs, certaines de mes remarques sont partagées par des économistes, tel Michel Aglietta (1), qui ne peuvent passer pour des opposants systématiques à la zone Euro. Si se prononcer pour un Euro « monnaie commune » en lieu et place de la « monnaie unique » équivaut, suivant le titre de cet article calomniateur, à vouloir « brûler l’Euro » alors les mots n’ont plus de sens.

Et l’on ne sait que trop à quelle dictature conduit la perte du sens des mots.

y.caradec - flickr CC

Le second mensonge consiste à ne parler que de la crise conjoncturelle de la zone Euro. Mais, en réalité, celle-ci vient s’ajouter à une crise structurelle dont le phénomène de l’Eurodivergence, dont j’ai eu l’occasion de parler ici (2), est le principal signal. Cette crise découle de problèmes structurels qui sont bien connus des économistes (3). Mais, les auteurs de cet article préfèrent donner la parole aux pères fondateurs de l’Euro plutôt que d’en examiner honnêtement les contradictions. C’est un second mensonge.
Le troisième mensonge consiste à nier les effets négatifs de l’Euro, pourtant dûment établis par l’INSEE (4). À croire que le fait d’écrire dans le Nouvel Observateur confère la science infuse ! Il y a là un troisième mensonge.
Dire que ce sont ces nos discours qui ont entretenu l’inquiétude des marchés est tout d’abord nous prêter une importance que nous n’avons pas. Les marchés regardent où l’on peut faire ou défaire des fortunes. Ceci constitue un quatrième mensonge.
J’ai dit personnellement qu’il y avait un doute sur le plan de sauvetage des banques européennes se faisant par l’intermédiaire de la Grèce et que l’on appelle très abusivement plan de sauvetage de ce dernier pays. Je n’ai pas été le seul et c’est d’ailleurs une évidence. Il aurait bien mieux valu organiser un défaut partiel de la Grèce, quitte à utiliser une partie de l’argent mis dans le plan pour compenser les pertes des banques européennes.

Et insinuations…

Si cela ne suffisait pas, les auteurs de cet article se livrent aussi à des insinuations détestables.
Tout d’abord, la faute à la crise ne peut être que la « spéculation », qui est naturellement « irrationnelle », et dont on sous-entend qu’elle est soit le fait de gens mal intentionnés soit celui « d’ennemis » de l’Euro. Puis on indique qu’elle est  renforcée par l’influence d’eurosceptiques anglo-saxons. En fin, on procède à une dernière assimilation entre ces soit disant eurosceptiques et des économistes français, au nombre duquel je suis, pour insinuer que nous sommes des « ennemis de l’intérieur ». On aura reconnu ici le déroulement de la stratégie du complot, la paranoïa classique et parfaitement stalinienne qui transforme tout contradicteur en criminel potentiel.
En fait, la spéculation n’est en rien irrationnelle. Dans un contexte donné, elle est parfaitement logique. Ce qui importe est de comprendre que cette logique ne vaut que pour ce contexte donné. Mais cela est visiblement trop compliqué pour nos auteurs. La version policière de l’histoire est certes plus simple, même si elle est fausse. Si la spéculation se déchaîne c’est avant tout parce que, à la différence des Etats-Unis, l’Europe n’est pas un pays fédéral et ne pourra l’être, dans le meilleur des cas avant longtemps. Notons que ceci aurait pu être anticipé par les dirigeants de la zone Euro et les conduire à des mesures restrictives sur les mouvements de capitaux à court terme, justement pour prévenir une telle spéculation. Ils n’en n’ont pas voulu et ils en payent le prix (ou plus exactement ils veulent nous en faire payer le prix) actuellement. Ceux que Jupiter veut perdre, il leur ôte d’abord la raison.
Notons ensuite que, dans la liste des « eurosceptiques anglo-saxons » pour reprendre les termes de cet articles, les deux économistes cités sont…américains. Pourquoi alors ne pas l’avoir dit plus clairement ? D’ailleurs, ni Paul Krugman, ni Joseph Stiglitz, ne sont de près ou de loin des anglo-saxons. Intéressant dérapage de nos quatre auteurs qui sont incapables de nommer ce à quoi ils pensent. Mais ils sont trahis par leur lapsus. Ils voulaient dire des eurosceptiques américains…
Ceci révèle l’imaginaire assez particulier de nos auteurs. En fait, ils sont persuadés d’un « complot » américain contre l’Euro, mais ils n’osent pas le dire. Et voici comment et pourquoi Krugman et Stiglitz se retrouvent baptisés « anglo-saxons », ce qui ne manque pas de sel pour qui les connaît. On notera aussi que ces deux économistes sont des personnalités bien connues de la gauche d’outre-Atlantique et qu’ils ne sont pas particulièrement des « eurosceptiques », s’étant contentés d’émettre des critiques parfaitement légitimes sur le fonctionnement de la zone Euro.
Sur le fond, c’est une erreur de penser que l’Euro et le Dollar s’opposent. Que l’Euro vienne à disparaître, ou la zone Euro à éclater, et la spéculation attaquera immédiatement le Dollar. Il y a aujourd’hui une anxiété des opérateurs de marchés sur toutes les principales monnaies. Croire que le Dollar pourrait profiter de cette crise et de la chute de l’Euro c’est décidemment ne rien comprendre ni au mécanisme de la spéculation, ni au mécanisme de cette crise qui est déjà en train d’induire une forte spéculation sur certaines matières premières ainsi que sur l’Or.
Nous vivons la crise du système monétaire international. Elle était prévisible dès 2007, et j’ai publié de nombreux textes sur ce point dès ce moment. Il faut en finir avec le mythe d’un affrontement entre l’Euro et le Dollar. Il est aujourd’hui probable que les deux couleront, l’un après l’autre.

A-t-on le droit de s’exprimer sur l’Euro ?

Ce lamentable article, qui n’est pas sans rappeler la censure dont je fus l’objet au printemps dernier par l’Hebdo des Socialistes, montre que les européistes sont en train de perdre leurs nerfs. Il faut donc réaffirmer que l’Europe ne doit pas être laissée aux européistes et qu’il convient de défendre le principe d’une coordination monétaire contre ceux qui se révèlent en réalité ses adversaires, les partisans d’un soutien inconditionnel à l’Euro tel qu’il existe.
Nous avons besoin d’un véritable débat politique pour décider quelles sont les options qui nous restent aujourd’hui et non des invectives, des mensonges ou des insinuations des quatre auteurs de cet article.
Oui, vraiment, quand les sages montrent la lune, les idiots regardent le doigt.
(1) M. Aglietta, « Espoirs et inquiétudes de l’Euro » in M. Drach (ed.), L’argent – Croyance, mesure, spéculation, Éditions la Découverte, Paris, 2004, pp. 235-248
(2) Sapir J., « From Financial Crisis to Turning Point. How the US ‘Subprime Crisis’ turned into a worldwide One and Will Change the World Economy » in Internationale Politik und Gesellschaft, n°1/2009, pp. 27-44. On lira aussi le document fait par un économiste allemand, Bibow, J. « Global Imbalances, Bretton Woods II, and Euroland’s Role in all this », The Levy Economics Institute, Annandale-on-Hudson, Working Paper n° 486 Décembre 2006.
(3) I. Angeloni and M. Ehrmann, « Euro Aera Inflation Differentials », The B.E. Journal of Macroeconomics, Vol. 7: Issue 1/2007, Article 24, p.31. Available at: http://www.bepress.com/bejm/vol7/iss1/art24 , J. Gali, M. Gertler and D. Lopez-Salido, « European Inflation Dynamics » in European Economic Review, Vol. 45, n°7/2001, pp. 1237-1270C. Conrad et M. Karanasos, « Dual Long Memory in Inflation Dynamics across Countries of the Euro Area and the Link between Inflation Uncertainty and Macroeconomic Performance », in Studies in Nonlinear Dynamics & Econometrics, vol. 9, n°4, November 2005, http://www.bepress.com/snde.
(4) F. Cachia, « Les effets de l’appréciation de l’Euro sur l’économie française », in Note de Synthèse de l’INSEE, INSEE, Paris, 20 juin 2008
http://www.gaullisme.fr/?p=7487





Alain Duhamel, l’anachronique

29/05/2010 10:29

Alain Duhamel, l’anachronique


L’éditorialiste panique et se lance dans des comparaisons douteuses.
par David Desgouilles
Lors d’une émission radiophonique précédant le référendum sur Maastricht1, en 1992, je me rappelle d’un petit échange entre Philippe Séguin, l’invité, et Alain Duhamel qui faisait partie des journalistes qui l’interrogeaient. De mémoire, cela donnait peu ou prou ceci :
Séguin : Si je comprends bien, vous me qualifiez de ringard ?
Duhamel : Non, je ne dirais pas cela. Je dirais… anachronique.
Séguin : c’est pire.
Philippe Séguin savait lui ce qu’était le péché d’anachronisme. Regarder le passé avec les lunettes d’aujourd’hui lui faisait horreur et c’est à cette aune qu’il faut comprendre sa colère devant certains accès d’auto-flagellation et de repentance notamment les années 97-98 lorsqu’il était président du RPR.
Alain Duhamel qui aime passer pour un homme pondéré et qui le demeure le plus souvent, perd tout sang-froid lorsque la construction européenne sauce Jean Monnet est attaquée. Lorsqu’il qualifie quelqu’un de souverainiste, soyez sûr qu’il ne s’agit pas d’un compliment. Contrairement à BHL, il ne les avait jamais “pétainisés” ni “nazifiés”. Il préférait les classer dans la catégorie “doux rêveurs irresponsables”. Cela partait d’un bon sentiment même si on n’est pas convaincu qu’il s’agisse véritablement d’un mieux, se souvenant de la fameuse réplique de Pierre, dans le Père Noël est une ordure :“Je n’aime pas dire du mal, mais effectivement elle est gentille”.
Vendredi, pourtant, Alain Duhamel a basculé dans la méthode BHL. Lisez bien le script de son édito. Cela se passe dès le début :
Les souverainistes qui se situent à la droite de la droite, comme Nicolas Dupont-Aignan, ou à la gauche de la gauche, comme Jean-Luc Mélanchon, surfent, évidemment sur la crise de l’euro. Pour eux, c’est la divine surprise.
La divine surprise. Cela ne vous rappelle rien ? Il s’agit de la formule qu’employa Charles Maurras lors de la défaite de juin 1940. Alors que certains de ses fidèles n’acceptèrent point cette défaite et rejoignirent Londres, le chef de l’Action française eût cette phrase qui sonne encore aujourd’hui comme une satisfaction de voir le Maréchal Pétain aux affaires pour mettre en œuvre la révolution nationale2.
Duhamel est bien trop cultivé pour avoir fait référence à cette “divine surprise” par hasard. Il a bel et bien renvoyé Dupont-Aignan et Mélenchon à Maurras et à la révolution nationale de Philippe Pétain. C’est non seulement scandaleux pour ces deux personnalités républicaines et tous ceux qui le soutiennent mais c’est aussi faire preuve d’un anachronisme coupable.
Que Alain Duhamel se méfie de l’anachronisme. Car après tout, nous pourrions être tenté d’en user aussi. Par exemple, nous pourrions nous laisser aller à écrire que les personnages, qui saluent actuellement l’Allemagne de nous forcer à la rigueur et l’austérité pour notre bien et malgré nous, nous rappellent furieusement ce personnage du téléfilm “Au bon beurre”, adapté du roman de Jean Dutourd : la scène se passait sous l’occupation et le personnage en question disait la chose suivante à son interlocuteur :“L’Allemagne est une grande sœur pour la France ; quand la France fait une bêtise, la grande sœur lui tape sur les doigts pour la remettre dans le droit chemin”. Charmant, non ?
Mais non, nous ne nous laisserons pas aller, pour notre part à de telles comparaisons. Nous ne nous laisserons pas aller à l’outrance. Car ce manque de sang-froid, de la part d’Alain Duhamel, cache une panique bien réelle , malgré le reste de l’édito qui veut rassurer ceux qui craignent la fin de l’Euro. Qu’on se le dise, dans les états-majors du Parti de Gauche et de Debout la République : Duhamel ne vous considère plus comme du menu fretin mais bel et bien comme des adversaires. Et cela, finalement, c’est plutôt une bonne nouvelle.
 
  1. Je ne me souviens plus s’il s’agissait du Club de la Presse d’Europe 1 ou du Grand Jury RTL.
  2. Même si Maurice Weyembergh dans “Charles Maurras et la Revolution française“( Librairie Vrin, 1992, 116-117) donne une autre interprétation : Maurras aurait voulu remarquer là le fait que l’Etat ne s’était pas effondré. 116-117) donne une autre interprétation : Maurras aurait voulu remarquer là le fait que l’Etat ne s’était pas effondré.





Réforme territoriale : explication de vote

28/05/2010 22:08

Réforme territoriale : explication de vote


Débat parlementaire sur la réforme territoriale

Jeudi 27 mai 2010

Intervention de Nicolas DUPONT-AIGNAN

Depuis des années, on ne compte plus les colloques et les rapports qui concluent à l’urgence d’une réforme de notre organisation territoriale. On ne pouvait donc que se réjouir à priori de voir le gouvernement prendre à bras le corps le problème.
Car oui, nous le vivons tous comme parlementaire, parfois aussi comme élu local, si la décentralisation a pu ça et là déraper et décevoir, c’est par manque de lisibilité, de simplicité, de transparence et donc d’efficacité.
Pour redonner à la décentralisation sa raison d’être - car on administre mieux de près, sous le contrôle des populations concernées - nous attendions tous le fameux projet de loi.
Malheureusement, la déception est grande. A l’exception du fléchage des élus communautaires, je ne vois ni simplification, ni lisibilité, ni transparence, ni efficacité.
Où est la simplification quand on ajoute une nouvelle strate, la Métropole ? Une métropole qui est une vraie bombe à retardement pour les départements, car elle va les empêcher de jouer leur rôle de redistribution en faveur des territoires ruraux…
Où est la lisibilité quand, justement, on s’attaque - et c’est toute la philosophie d’Edouard Balladur qui a inspiré cette réforme - aux collectivités les plus appréciées des Français, la commune et le département ?
Pourquoi détruire ce qui marche, au tandem commune / département qui structure notre vie locale, qui est le rempart des populations délaissées par les services publics et par l’Etat.
Pourquoi d’ailleurs avez-vous confié à ce tandem la gestion des nouvelles prestations sociales, s’il est si dépassé que cela ?
Il est vital à ce titre que le nombre de Conseillers territoriaux soit suffisant dans les départements les moins peuplés pour maintenir une représentation des territoires ruraux. C’est pourquoi, il faudrait passer à 20 au lieu de 15 comme minimum.
Mais les départements vont bien sûr perdre en efficacité car vous les privez de leur charge de compétence générale et de leur liberté fiscale minimum. Ce faisant, ils deviendront des Etablissements Publics spécialisés, sans aucune marge de manœuvre. Des guichets administratifs. Comme l’a souligné notre collègue Souchet, un jour vous vous demanderez pourquoi les territoires qui sont la richesse touristique, culturelle, agricole de notre pays, dépérissent, et il faudra reconstruire tout ce que vous êtes en train de défaire. Quel gâchis !
L’arrière-pensée concernant le département s’applique aussi au traitement que vous réservez à la commune. Je suis Président d’une agglomération et je sais d’expérience que pour qu’un regroupement fonctionne, il ne doit pas être subi ni déséquilibré. En confiant au Préfet le soin d’imposer l’intercommunalité, vous allez créer plus de problèmes que vous n’en résoudrez !
De même, en exigeant 50% de financement par les communes des projets subventionnés par le Département et la Région, vous allez rendre impossibles des projets vitaux et de qualité. Beaucoup s’inquiètent du dépérissement de l’engagement électif et civique. Mais, c’est justement cette bureaucratisation, cette complexification, cet embrigadement qui vont encore plus décourager les vocations. Je ne crois pas que la fausse bonne idée des Conseillers territoriaux va résoudre cette désaffection, tout au contraire.
La liberté communale est indissociable de notre histoire. Faute de le comprendre, vous allez prendre en boomerang le désarroi de nos campagnes. Et pourtant, il y aurait tant à faire…
La péréquation financière est l’urgence absolue, surtout en période de vaches maigres. Vous le savez, aujourd’hui la péréquation ne corrige que la moitié des inégalités. Il faut d’urgence augmenter les dotations pour enfin réduire des inégalités entre collectivités qui se creusent dangereusement.
L’allègement des normes est aussi urgent.
La spécialisation des impôts locaux, le statut de l’élu, les droits de l’opposition, autant de moyens de réinsuffler de la vie démocratique qui font aujourd’hui défaut et que la réforme ne prévoit pas.
Pour conclure, il n’est jamais sain de légiférer à partir d’idées-reçues, censées plaire à l’opinion mais qui ne correspondent pas à la réalité, ni à partir d’arrière-pensées politiciennes.
Je crains que les bonnes intentions de départ, la promesse de moderniser, n’aient été fortement abimées par les uns et les autres.
Au moment où notre pays traverse une crise profonde, c’est un grand tort de déstabiliser ce qui marche, ce qui rassure, ce qui panse les plaies, et ce n’est pas parce que certains (très minoritaires) ont mal géré leur collectivité, qu’il faut déresponsabiliser les autres.
En conséquence, je voterai contre ce texte.





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